Notre histoire

FO, un syndicat libre et indépendant

Force Ouvrière, créée en 1947, est l’héritière de la branche réformiste de la CGT, la confédération générale du travail.  Son identité s’est façonnée – et continue de l’être encore aujourd’hui – par ses luttes ainsi que par plusieurs événements, tournants dans son histoire.

En quelques dates …
  • 1895 : création de la CGT. Rapidement, une branche réformiste (future FO) et une branche révolutionnaire (puis communiste) se forment. La branche révolutionnaire fait scission en 1921 et donne naissance à la CGTU, la confédération générale du travail unitaire – qui deviendra l’instrument syndical du Parti communiste.
  • 1906 : adoption de la charte d’Amiens par le congrès de la CGT. Elle fixe les tâches du syndicalisme, la fameuse « double besogne » : conquérir des améliorations immédiates, et préparer l’émancipation des travailleurs.
  • 1936 : réunification de la CGT. Les divisions demeurent toutefois entre ceux qu’on nomme les confédérés et les unitaires, issus donc de l’ex CGTU.
  • 1939 : la frange révolutionnaire est exclue de la CGT, à la suite notamment de la signature du pacte germano-soviétique.
  • 1ère Guerre Mondiale : division entre la majorité ralliée à l’Union Sacrée, à l’effort de guerre et une minorité, pacifiste qui souligne la nécessité de maintenir l’activité revendicative.
  • 2ème Guerre Mondiale : le rapport de force politique reste favorable aux ex-unitaires qui contrôlent 21 fédérations sur 30. La tendance réformiste est minoritaire. Toutefois, dans un premier temps, les confédérés souhaitent travailler au « redressement interne » et ne souhaitent pas une nouvelle scission.
  • 1943 : regroupement des conférés autour du journal clandestin « Résistance Ouvrière », qui deviendra ensuite « Force Ouvrière ».
  • 1946 : échec de la tactique du « redressement interne ». Les confédérés constituent les groupes d’Amis de Force Ouvrière et amorcent une organisation syndicale.
  • 1947 : Léon JOUHAUX et quatre secrétaires fédéraux quittent la CGT. Se constitue alors Force Ouvrière.
  • 1948 : consécration de FO par un congrès constitutif.
1948
Création de Force Ouvrière | Archive INA
En 2018, Force Ouvrière fêtait ses 70 ans. Retour sur l’histoire du syndicat…
D’une détresse sociale à la solidarité salariale : la structuration du syndicalisme et le développement de FO.

« On nous parle aussi de faire des alliances pour la défense de la République et du régime. De quelle république parle-t-on et de quel régime ? Est-ce le régime qui nous gouverne depuis la Libération ? Est-ce la République qui nous fait crever de faim depuis la Libération ? Nous considérons, nous, que le jour où le mouvement syndical sera en danger, il saura se battre, il saura appeler les ouvriers pour défendre les seuls mots d’ordre du mouvement syndical !». Pierre RICHOU, Congrès constitutif de la CGT-FO, le 12 avril 1948.

Le syndicalisme a pris corps dans la société du 19ème siècle : la conscience des classes a fait naitre le mouvement ouvrier. Et de ce constat est né la certitude qu’il fallait battre le système de propriété capitaliste, celle des grands moyens de production, pour parvenir à l’émancipation dans tous les domaines, économique, social, etc.

Un combat pour la défense du syndicalisme libre et indépendant, à l’origine de FO.

Le choix primordial et central chez Force Ouvrière de l’indépendance syndicale a été exprimée par la Charte d’Amiens : « la nécessité de la lutte à mener pour la suppression du patronat et du salariat ».  Nous considérons que le syndicalisme ouvrier ne doit pas lier son destin à celui de l’État, ni s’associer à des groupements politiques quelconques, dont l’objectif est la conquête de cet État et l’affermissement de ses privilèges.

Parmi nos valeurs et les luttes principales menées par Force Ouvrière :

  • Liberté, démocratie, indépendance ;
  • Contre le « tout Etat » et le « tout marché » ;
  • Défense du service public et de la sécurité sociale, comme des structures assurant des droits égaux aux citoyens en cohérence avec les valeurs républicaines ;
  • Pas de compromission avec le Gouvernement et le patronat.
Comprendre la Force Ouvrière à travers ses différents représentants.

 « Pour remplir sa mission, le syndicalisme doit conserver son entière personnalité, il ne peut ni ne doit s’inféoder à aucun parti politique. » Léon JOUHAUX, premier (et dernier) président de FO, entre 1948 et 1954, le « rassembleur ».

« La charte du travail [de Pétain] est l’intégration du syndicat dans la famille professionnelle sous le contrôle d’un Etat fort. Il lui impose sa doctrine et assigne tous ensemble l’objet déterminé des limites précises à son activité. La charte du travail fait du syndicat le moyen de la corporation et subordonne la corporation à l’Etat. » Robert BOTHEREAU (1948-1963)

 « Lors de nos récents entretiens avec Mr Pierre Mauroy, nous lui avons rappelé qu’il n’est pas dans la vocation du mouvement syndical de participer à l’élaboration de la politique économique du pays. Et que l’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien du fonctionnement même de la société républicaine. Sans comparer ce qui ne peut l’être, il n’est pas inutile de rappeler que d’autres autrefois avaient imaginé non seulement d’associer le mouvement syndical à l’élaboration de la politique générale , mais l’avaient totalement intégré dans l’état, c’est ainsi par exemple qu’est né le corporatisme dans l’Italie de Mussolini et le Franquisme et l’Espagne de Franco, c’est aussi la réalité dans les pays communistes où les syndicats ne revendiquent pas, mais aident les dirigeants de l’état à appliquer la politique définie par le parti. » André BERGERON (1963-1989).

Force Ouvrière est marquée par le long mandat d’André BERGERON, membre du Parti socialiste, qui insuffle la pratique constante de la négociation contractuelle. FO adopte dans les années 80 et sous son mandat, un discours plus combattif, au motif que les négociations entrainaient désormais plus facilement des régressions sociales que des progrès.

« Dès lors la question de savoir si au 21e siècle la classe ouvrière existe encore – parce qu’il y en a qui se posent la question, insinuant de fait plus ou moins sciemment qu’elle est déjà un archaïsme social – autrement dit cette interrogation très actuelle trouble les esprits pour servir une fois encore les classes supérieures. Pourquoi ? Parce que le simple fait de s’interroger sur son existence ou pas tend à signifier qu’elle n’a déjà plus de raison d’être dans un monde du travail supposé être plus juste qu’autrefois. » Marc BLONDEL (1989-2004). Il adopte une voie plus combattive, toujours avec une pratique plus contractuelle, outil important pour construire et développer des droits collectifs à tous les niveaux (interprofessionnel, branches d’activité, entreprises).

Jean-Claude MAILLY lui succède. Il est élu en 2004 et est reconduit en 2011 puis en 2015.

Pascal PAVAGEAU est élu en 2018 et est rapidement succédé la même par Yves VEYRIER, souvent qualifié de « réformiste militant ».

1968 – Interview d’André BERGERON, secrétaire général de FO sur les négociations entre patronat et syndicats en cours.
1989
Le dernier discours d’André BERGERON | Archive INA