Sauver la planète ou rouler en SUV ? Il va vite falloir choisir si l’on en croit la conclusion d’une étude publiée mardi par l’association WWF France, qui appelle l’État à freiner l’essor de ces 4X4 urbains, sous peine de ne pas pouvoir tenir ses promesses pour lutter contre le réchauffement climatique.
Très gourmands en carburant, les SUV (*) émettent « en moyenne 20 % de gaz à effet de serre (GES) de plus que le reste des voitures », constate l’association WWF France, dans un rapport publié mardi. Les ventes de ces « faux 4X4 » ont été multipliées par sept depuis 2010, à tel point qu’ils représentent désormais plus d’un tiers des véhicules neufs vendus dans l’Hexagone (38 %).
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L’association appelle le gouvernement à renforcer la fiscalité, alors que celui-ci s’apprête, dans le cadre du plan de relance, à donner un coup de pouce de plus de 8 milliards d’euros à un secteur automobile sinistré par la crise du Covid-19. Du côté du Comité des constructeurs français (CCFA), on s’oppose à toute nouvelle taxe, qui viendrait annihiler tout espoir de reprise.
Au cœur des débats, l’instauration d’une taxe en fonction du poids des véhicules. Proposée à la Convention citoyenne pour le climat, la mesure a été retoquée par Bercy dans son projet de loi de finances mais le principe n’a, lui, pas été enterré. « L’enjeu est de réorienter le marché vers des voitures plus légères. Le plan de relance c’est maintenant, ce n’est pas en 2025 qu’on va rembobiner », estime Pierre Cannet.
L’électrification en question
Un « impôt au kilo » redouté par le CCFA, qui justifie la prise de poids des modèles par l’impératif de sécurité. « Cela pénaliserait aussi les modèles hybrides, dont les batteries restent très lourdes », constate son porte-parole, François Roudier. Le syndicat FO-PSA ne cache pas non plus son inquiétude face au « flou gouvernemental », dénonçant une taxe qui serait « une catastrophe industrielle et un non-sens environnemental ».
Pour WWF France, le développement des SUV électriques est une « fausse bonne solution ». Selon l’ONG, leur empreinte carbone est, sur l’ensemble du cycle de vie, 34 % plus importante que celle des citadines électriques.