Dans les grands groupes installés dans le nord de la France, les nouvelles conditions de travail des ouvriers ressemblent à s’y méprendre à l’entre-deux-confinement. Et le télétravail reste limité.
Pas de branle-bas de combat dans les grandes usines des Hauts-de-France avec le reconfinement : «zéro changement», à l’usine PSA de Hordain, dans le Valenciennois. A Arc international, près de Saint-Omer (Pas-de-Calais), le groupe verrier apporte une attention supplémentaire aux repas dans les deux restaurants d’entreprise, avec élargissement de la plage horaire, et rotation des services pour aller manger, sans autre bouleversement de la production. «C’était l’élément de faiblesse du bilan que nous avons tiré du premier confinement», note Stephan Fertikh, DRH Europe du groupe. «Nous avons eu 84 cas de Covid sur 4 600 salariés permanents, contaminés à l’extérieur de l’entreprise», explique-t-il. «On a à chaque fois testé 100% de leurs collègues, et aucun n’avait contracté le Covid, ce qui nous a permis d’estimer que notre système de distanciation fonctionne bien.» Idem dans les autres usines contactées, pas de clusters déclarés.
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L’usine de Hordain tourne à fond, six jours sur sept, au lieu de cinq en temps normal : «D’un côté, on demande aux salariés de rester chez eux, de ne pas voir les gens de leur famille, et de l’autre, on leur demande de rester le plus longtemps possible sur leur lieu de travail», s’insurge Franck Théry. Olivier Lefebvre, le délégué syndicat central FO, modère le propos : «Je ne vois pas PSA cacher des cas, il ne peut pas prendre le risque qu’un cluster se déclenche.» Il précise que la médecine du travail, présente dans l’usine, mène l’enquête sur chaque cas déclaré, et décide des mesures nécessaires à prendre. Le télétravail reste limité : il concerne, à Arc International comme à PSA, environ 30% des fonctions support qui sont de toute façon minoritaires dans ces usines.
A Alstom Petite-Forêt (Nord), Vincent Jozwiak, délégué FO, reconnaît le bien-fondé du protocole sanitaire. Dans son usine, sur les 1 500 salariés, on compte 36 cas confirmés depuis le retour au travail après le premier confinement. Il déplore cependant les deux poids, deux mesures pour les métiers où le télétravail est possible : «En Ile-de-France, c’est cinq jours sur cinq, parce qu’ils considèrent que les Parisiens sont plus problématiques à cause des transports en commun. En province, c’est deux à trois jours par semaine.» Selon lui, le décalage entre le discours d’Emmanuel Macron, avec obligation du télétravail, et la réalité de terrain n’est pas toujours compris. «On est demandeur que les pouvoirs publics donnent des consignes claires et tranchées», précise-t-il. «Les employeurs ont tendance à ne faire que ce qui est obligatoire».